Reportages

L'œuf de la Marans

L'œuf de la Marans est l'œuf de poule le plus foncé qui soit, particularité partagée avec la race espagnole Penedesenca mais qui s'accompagne, chez la Marans, de façon exclusive, d'une forme globuleuse, d'une grosseur et d'une brillance hors norme.
Cette caractéristique a donné à cette race le surnom de « Poule aux oeufs d’or ».

Alors d’où vient cette couleur ?

ORIGINE GENETIQUE

La ponte d'œufs à coquilles brunes de la Marans est due à la présence inéluctable de gènes héréditaires qui sont complexes et, à ce jour, non découverts
Par ailleurs, l'hérédité de l'œuf extra-roux serait consécutive à la présence de plusieurs gènes et non pas d'un seul, dont certains seraient dominants alors que d'autres seraient récessifs.
Dans ces conditions, cette hérédité n'est donc automatiquement reproduite que si les différents gènes responsables des coquilles brunes sont réunis ensemble.

ORIGINE DE LA COLORATION

Le coloris extra-roux provient de l'imprégnation d'un liquide colorant sur la coquille de l'œuf. Ce liquide est fourni par le tissu spongieux de l'oviducte, à 10 cm de la fin de ce dernier, et déposé juste avant la ponte.

Aussitôt la ponte, la couche de mucus recouvrant l'œuf sèche rapidement et la coquille garde la couleur.

Ces substances d'origine albumineuse sont fournies par certaines cellules dont les lois biochimiques ne sont, à ce jour, pas élucidées.
Sur l'œuf tout juste pondu, et encore humide, on peut altérer du doigt tout ou partie de cette pellicule colorante.

Une expérience, malheureuse, pour une poule dont l'œuf était resté bloqué plusieurs jours dans l'oviducte, avait permis de constater que les couches successives de pigment n'avaient cessé de s'accumuler formant une pellicule de l'ordre d'1mm d'épaisseur et d'une couleur violacée presque noire.

Contrairement à l'œuf bleu-vert de la poule Araucana qui est teinté dans la masse, on s'aperçoit, lorsque l'on casse un œuf de Marans, que la couleur interne de la coquille est parfaitement blanche, offrant un contraste inattendu et donnant à la coloration, juste avant la ponte, comme la valeur d'une signature finale propre à la race.

"UNE CARTE D'IDENTITE"

Le dépôt des pigments sur les œufs ne se fait donc pas toujours uniformément.
A la manière d'une empreinte, comme le pratique un enfant avec une éponge humide trempée dans la couleur, on observe selon les pondeuses des variations dans la répartition des pigments.


La coquille est uniforme lorsque l'empreinte parfaitement réalisée a permis une diffusion homogène sur la totalité de l'œuf. Tout aussi fréquent est l'œuf pigmenté; apparaissent alors de fins réseaux pointillistes de quelques dixièmes de millimètres se détachant sur un fond plus clair. Plus exceptionnellement peuvent apparaître des macules très brunes, en léger relief, sur un fond clair ou nettement plus soutenu.

On peut ainsi déterminer 3 types de catégories de coquilles chez la Marans:

- uniforme
- pointilliste
- maculée

Toutefois, ces dépôts de pigments sont soumis à des variations d'un sujet à l'autre mais aussi dans le temps. Des observations menées au nid-trappe, sur 15 années d'élevage nous ont permis de constater, chez les meilleures pondeuses d'œufs extra roux, qu'un aspect de la coquille établi en début de ponte perdurait, avec quelques variations, attribuant en quelque sorte une "carte d'identité" pour chaque poule.

On ne peut juger des qualités définitives d'une pondeuse pour ces caractères qu'au bout d'une vingtaine d'œufs à partir de la première mise en ponte. Ces nuances s'altèrent ensuite très progressivement jusqu'au sixième mois de ponte.

A cette époque encore les meilleurs sujets pondent des œufs certainement moins caractéristiques mais encore plus colorés que ceux des autres races.
A noter également que dans les séries de 3, 4, 5 œufs, pondus de suite avec un arrêt d'une journée selon les poules, le premier œuf pondu est toujours plus coloré.

Cette baisse d'intensité de la couleur, clôturée par la fièvre d'incubation, marque en fait le repos naturel et nécessaire de l'oviducte commun à toutes les races.
Dès la fièvre d'incubation terminée, et ce dès le premier œuf, les bons sujets recommencent à pondre jusqu'à la mue de superbes œufs extra roux.

Influences extérieures sur la couleur de l'œuf:

Il est important de signaler que de mauvaises conditions sanitaires peuvent influer considérablement sur la couleur des coquilles.

Avant toute baisse quantitative, une chute de la coloration, une répartition anormale des pigments, un aspect blanchâtre et rugueux, sont l'annonce de maladies ou de parasites.

Un engraissement excessif, les changements d'environnement, d'alimentation, facteurs de stress, sont également préjudiciables.

L'EPAISSEUR DE LA COQUILLE

De façon générale, la solidité de la coquille est étroitement liée aux facteurs situés en amont de la production de l'œuf : l'origine génétique, l'âge de la pondeuse, l'alimentation, les conditions d'élevage, l'état sanitaire.

Cette coquille représente environ 10 % du poids de l'œuf. Chez la Marans, lorsque ces conditions optima sont réunies, on constate que la solidité de la coquille est supérieure à celle des œufs des autres races.

D'après les mesures et les calculs réalisés, nous avons pu mettre en évidence que les œufs de poule Marans possédaient une coquille plus solide que celle des œufs classiques.

Ces œufs présenteraient donc des avantages considérables pour leur commercialisation, d'une part au niveau des casses potentielles durant le transport, d'autre part au niveau de la durée de conservation de ces œufs qui est bien supérieure à celle des œufs classiques.

L'épaisseur et la solidité de la coquille de l'œuf de Marans sont maintenant scientifiquement démontrées.

Cette moindre perméabilité entraîne souvent un déchet à l'éclosion supérieur d'environ 5 à 10 % par rapport à la plupart des autres races.

LA FORME DE L'OEUF

C'est un caractère héréditaire qui entre souvent en corrélation avec la couleur extra roux des œufs.

Dans les meilleures souches, on constate souvent une forme globuleuse pour laquelle on peine parfois à distinguer le sommet de la base, distinction pourtant nécessaire au placement de l'œuf, pointe en bas, dans les casiers des incubateurs à ventilation forcée.

Ce caractère d'une forme presque plus sphérique qu'ovoïde est à rechercher car tous les anciens écrits et témoignages attestent ce phénomène. Vraisemblablement, les gènes responsables de cette particularité sont des caractères dominants incomplets.

La cuticule , les membranes coquillières interne et externe, constituent pour l'œuf de Marans des barrières protectrices efficaces envers les bactéries.
Bibliographie : Marans Club de France